Les physiciens et astrophysiciens nous démontrent chaque jour ce que nous disent les panthéistes et les bouddhistes depuis des millénaires. Notre monde n’est que vibrations… Le désarroi contemporain s’explique peut-être par le manque de ressenti. On décrète l’usure du monde par un mauvais usage du monde.
On déplore la pluie, le vent et le fracas des tempêtes, oubliant trop souvent que ce ne sont que de simples manifestations de la vie. Il faut avoir les pieds campés sur le rivage lorsque l’océan donne des coups de boutoir au granit pour comprendre le chant des marées. La sérénité n’est que la faculté d’accepter ces forces qui nous dépassent et de respecter ce monde qui peut paraître brutal mais qui est si fragile car tout est lié, interconnecté et interdépendant. Nous ne sommes qu’un infime maillon d’une chaîne infiniment complexe. S’extasier devant la ramure de l’arbre n’interdit pas de comprendre que ce qui est caché, le système racinaire, s’étend de manière analogue et constitue l’ensemble de l’arbre. Comprendre ce que l’on ne peut voir est une manière de ressentir.
Notre vibration dans cet univers est éphémère, un battement de paupières dans l’histoire du temps. Les choses essentielles sont très souvent anodines, ignorées et oubliées pour la plupart d’entre nous… L’odeur de la terre après la pluie, la vague qui s’étend sur le sable, le vent du matin dans les feuilles et la lumière vivante du crépuscule, autant de vibrations essentielles qu’il n’est pas nécessaire d’expliquer.
Préserver l’arbre de vie, écouter le chant des marées et vibrer à l’unisson… Pratiquer l’usage du monde sans l’user davantage car nous ne sommes propriétaires de rien, juste de la faculté de ressentir…