La quête est certainement le thème le plus abordé et le plus fascinant dans la littérature. Il semble que ce siècle tristounet offre le spectacle permanent d’un monde artificiel aux horizons de carton-pâte, un théâtre médiocre un peu plus affligeant à chaque jour qui passe…
Ce vieux compagnon de route, le monumental Dante Alighieri, nous parle de Purgatoire sous la forme d'une montagne. L'escalade y est synonyme de libération. Passerelle entre Ciel et Enfer, chère aux philosophes du Moyen Age. Mais, nous ne sommes pas de misérables pécheurs gagnant notre salut en nous écorchant les mains aux pierres acérées, ici-bas pas d'anges séraphins ni de démons cornus, juste un profond ennui. Votre pénitence : subir le quotidien abrutissant qui contamine davantage et ce, à chaque minute, l'humanité de notre hémisphère, trop nourrie et trop effrayée par la seule perspective d'être en vie.
En montagne, lorsque vous êtes en péril, la seule voie possible est d’aller vers le haut toujours et encore… et la perspective du départ vers le camp de base est souvent encore plus effrayante que l'escalade de la pente elle-même.
Au pied de la côte : une muraille vertigineuse - elle n'est que la somme des angoisses, des actes manqués, des lâchetés et de l'image sublimée que l’on possède de nos pauvres carcasses. Essuyez le fard de vos joues, et regardez... derrière il y a votre véritable visage.
La montagne, symbole de vie, l'image illusoire que nous offre la nature de l'inaltérabilité des choses, alors que l'impermanence est la seule vérité, même pour les sommets. La montagne est à la fois masculine et féminine. Masculine avec ses proéminences et ses saillies lancées vers le ciel, pompant l'énergie du sol pour l'expulser vers le ciel... Féminine avec ses cavernes et ses crevasses cachées, secrètes, ses sources abritant la vie… et la vie est avare en montagne, c'est le signe que la vie est précieuse.
La sagesse est de se mettre en marche vers le camp de base pour affronter la dernière ligne droite avec sérénité. C'est votre Voie et vous êtes le seul, la seule, à pouvoir l'affronter. Ce n'est pas toujours un combat, juste une tentative de compréhension de cet univers dans lequel nous évoluons sans jamais nous arrêter, comme si le sommet était toujours plus haut... Les montagnes comme les hommes ont une fin, mais considérez cette marche vers l'absence avec philosophie est un aboutissement.
"Prendre la vie au sérieux ne signifie pas se consacrer entièrement à la méditation comme si nous vivions dans les montagnes himalayennes, ou jadis au Tibet. Dans le monde contemporain, il nous faut certes travailler pour gagner notre vie. Pourtant, ce n'est pas une raison pour nous laisser enchaîner à une existence routinière, sans aucune perspective du sens profond de la vie. Notre tâche est de trouver un équilibre, une voie du juste milieu. Apprenons à ne pas nous surcharger d'activités et de préoccupations superflues mais, au contraire, à simplifier notre vie toujours davantage. La clé nous permettant de trouver un juste équilibre dans notre vie moderne est la simplicité." Le Livre tibétain de la Vie et de la Mort - Sogyal Rinpoché.