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samedi 17 décembre 2022

La branche de poirier.

Décembre 1943.


Il pleut en cet hiver sinistre. Le ciel s’est mis en deuil. Chaque jour, des milliers de bombardiers lourds, anglo-canadiens, américains, survolent le Nord de la France à haute altitude. Direction l’Allemagne où ils vont déverser des tonnes d’acier. Certains se perdent, s’écrasent, larguent leur cargaison de mort parfois ailleurs… De l’autre côté du canal s’élèvent les murs de la prison. Là, cachés à la vue du monde effrayé, croupissent entre deux tortures : des instituteurs, des cheminots, des ingénieurs, des ouvriers et des ouvrières, des infirmières, des femmes et des hommes… Les convois de camions bâchés les emportent vers Malines où des trains de mort les attendent… On s’efforce de ne pas y penser. D’ailleurs en 1943, qui peut penser l’impensable?

Le monde frappé de frénésie, tue… Dans les airs, sur terre, sur et sous la mer, de la Baltique aux déserts  d’Afrique, le monde tue…

Une jeune femme de 22 ans porte un petit enfant dans les bras. Elle est si maigre que sa famille, inquiète, la surnomme le fantôme… Elle et son mari de 21 ans ne sont pas tristes, ils n’ont pas le temps de se consacrer à la mélancolie, survivre prend toutes les heures de la journée et ne permet pas de s’apitoyer sur soi-même. Flancher, c’est périr… Une journée à la fois …

Et pourtant, Noël approche comme à chaque année, un Noël de guerre de plus. Et nul ne sait encore pour combien de temps?

Le jeune homme s’affaire dans l’appentis derrière la maison ouvrière. Il a déniché trois bouts de tilleul et deux pots de peinture et, soir après soir, il taille, il sculpte, il s’applique à peindre un pantin naïf. Un Pinocchio d’Occupation qui, dans sa simplicité, révèle toute sa vérité et son importance.

Mais il n’y a pas de sapin…

Qu’à cela ne tienne, le vieux poirier du jardin n’a pas survécu au terrible hiver 1940. Il est mort de froid ou de tristesse, à quoi bon donner des fleurs et des fruits à un monde en furie?

Armé de sa scie, le jeune père coupe une basse branche. Il l’emporte dans la la remise et badigeonne son trophée en blanc. Avec des restes de papier peint, il fabrique des guirlandes et, à l’aide de bouts de ficelle, il attache de menus cadeaux. Des brimborions, des petits bonheurs de quatre sous. Il l’emporte dans la cuisine et dépose au pied de la branche le pantin souriant. Petit Pierrot sera content…

Ce sera Noël quand même, et quoi que disent les anciens, il n’y aura même pas d’oranges… Le petit Pierrot ne connaîtra sa première orange qu’un an plus tard, en 1944. Une orange donnée par un grand diable de GI de l’État de New York ou de la ville de Chicago… Chaque Noël, le jeune homme devenu plus âgé écoutera Glenn Miller, c’était pour lui, son hymne à la liberté retrouvée…

Ma mère me contait cette histoire bien souvent. Une des innombrables anecdotes de cette génération martyre. J’y pense davantage à chaque Noël qui passe. 

Si vous trouvez injuste de remplacer cette année la dinde par un gigot, si vous trouvez que les huîtres sont trop chères et que le champagne, ce n’est plus ce que c’était. Dans vos maisons aussi douillettes et confortables que la mienne, faites comme moi, pensez (sans culpabilité, il ne faut pas être hypocrite…) mais avec reconnaissance à la vie qui est la vôtre, qui est la nôtre. Pensez à cette branche de poirier qui a  illuminé un Noël de guerre et à un petit pantin de bois qui fit sourire un enfant, un pantin couleur d’espoir…

Réfléchissez au fait  que Kiev n’est pas si loin. Qu’en Iran, on continue de torturer et d’exécuter des instituteurs, des cheminots, des ingénieurs, des ouvriers et des ouvrières, des infirmières, des femmes et des hommes…

Peut-être que cette année, vous n’aurez peut-être pas l’ensemble de vos invités autour de la table? Peut-être que vous serez cloué au lit avec une grippe? Que vous serez un peu plus triste parce vous penserez à celles et ceux qui ne sont plus parmi nous? Mais l’espace d’un instant, pensez à une vieille branche de poirier peinte en blanc dans cette cuisine où ne cuisait rien. Cette branche qui donna une clarté plus grande que n’importe quel sapin, et à ce pantin qui fit sourire le petit Pierrot qui, depuis, a rejoint les siens…

Alors comme à mon habitude, en regardant les miens et à l’approche des fêtes, je m’incline et je dis merci…


Bon Noël et paix aux femmes et aux hommes de bonne volonté. (il en existe encore et bien plus que l’on pense.)



 

mardi 6 décembre 2022

Une énigme scientifique...


 

Tant de matière grise utilisée pour distiller des idées noires… Quel gâchis!  La simplicité de la nature n’est qu'apparence. Une thèse, longtemps admise, nous dotait jadis de 10 milliards de neurones. Depuis une quarantaine d’années, il est admis que nous frisons plutôt le chiffre de 30 milliards… Des connexions aux autres de 100 à 1000 voir 10 000 fois en instantané.(Sauf pour Hanouna… Mais il faut bien une exception).
Le nombre de connexions théoriquement possible peut se calculer mathématiquement (un calcul simple mais astronomique), 10 à la puissance 80, le chiffre 10 suivi de 800 zéros!
Un nombre immensément supérieur à celui du nombre d’atomes dans le cosmos…
Nous possédons l’hyper complexité de l’univers dans notre tête… (Bon, il y a quelques trous noirs sans interactions notamment dans la constellation Hanouna, dans le nuage de Francis Lalanne et la galaxie Bigard, une espèce d’anti-matière du raisonnement).
Et tout ça pour finir sous une pancarte un samedi après-midi entre Nation et République … Ou regarder Michel Drucker et le grand show des années 80… 
On ne va pas ajouter que ça fait réfléchir, certains risquent une hernie du corps calleux… Mais ça laisse rêveur!



jeudi 1 décembre 2022

Elles ou Ils...

 

Elles ou ils hantent souvent les rayons des solderies pour trouver 3 mètres  de papier crépon, une pochette de stylos, une rame de papiers de couleurs , dix paquets de gommettes… 

Elles ou ils récupèrent les rouleaux de carton du papier toilette (c’est fou ce que l’on peut fabriquer avec ces petits cylindres), les papiers d’emballage et les vieux magazines pour faire de la pâte à papier… De la terre du jardin, deux trois paquets de semences pour montrer comment la nature peut être splendide.

Elles ou ils trouvent des pistes, des filons, n’attendent pas toujours d’avoir la subvention qui mettra quelques mois à arriver, ils pressent le mouvement en puisant dans  leur budget personnel, de bon cœur car le jeu vaut véritablement la chandelle.

Elles ou ils défrichent, déboisent les préjugés, arasent les différences, démontrent chaque jour que la laïcité combat l’obscurantisme et ouvre d’innombrables horizons. 

Elles ou ils ne sont pas les gardiens du savoir, elles ou ils ne gardent rien pour eux, délivrent généreusement et sans compter, tentent d’ éclairer la route de milliers de gamins avec de minuscules flambeaux qui irradient parfois toute la vie.

Elles ou ils ne demandent que peu de choses : le respect de leur mission et juste un peu d’aide, la démonstration, par toutes et tous,  faite aux petits que seules la connaissance et l’éducation sont les portes à ouvrir pour obtenir la liberté, qu’ il n'existe rien au-dessus que le verbe instruire …

Elles ou Ils hantent souvent les solderies pour trouver la décoration de Noël ou de Pâques pas trop chère afin de  rendre le service plus joli et plus gai.

Elles ou Ils organisent pendant leurs trop rares week-ends des kermesses, des goûters, des loteries pour obtenir les trois sous nécessaires à la prochaine sortie à la mer ou au restaurant, pour que les résidents accrochent un sourire à leur attente.

Elles ou ils sont souvent tiraillés entre leur famille à la maison et leur famille à l’hôpital, l’hôpital  qui n’est pas une entreprise mais juste un lieu de vie…  C’est parfois difficile, c’est toujours difficile…

Elles ou Ils ne demandent que peu de choses : une réelle compréhension et non pas un salmigondis de  phrases toutes faites.  Elles ou Ils ne sont pas les dépositaires de la santé et du bien-être. Elles ou Ils ne comptent pas le temps, c’est long douze heures de service… Elles ou Ils ne demandent qu’un peu d’aide, la confirmation que seules l’empathie et la compassion  sont les portes à ouvrir pour obtenir l’humanité, car il n’existe rien au-dessus que le verbe soigner, sauf peut-être le verbe instruire qui est son parent.

Instruire, soigner… Elles ou Ils ont choisi,  disent les esprits étriqués. Mais ce n’est pas un choix, juste une évidence, Elles ou Ils ont parfois des doutes, mais ils avancent parce qu’elles ou ils sont dans le réel, la vie.

Traverser et partager votre vie  entre ces deux familles, ceux qui instruisent et ceux qui soignent vous fait évaluer la chance qui est la vôtre.  Vous éprouvez comme un regret tardif d’avoir évolué dans un monde artificiel où le paraître supplante l’être. Ce sont Elles et Ils qui m’ont rendu meilleur et qui m’ont enrichi dans ma connaissance de l’autre.

Alors, on s’incline et on dit merci …



mardi 29 novembre 2022

Entre chien et loup...

L’ombre bleutée de la montagne Ste-Victoire s’allonge sur les côteaux de vignes, c’est l’heure incertaine préludant à la nuit. Le  jardin mauve embaume le jasmin et dans  ce berceau paisible  s’étendent les clématites. Sur un  fauteuil immaculé, accessoire désuet du temps glorieux des grands paquebots transatlantiques, une très vieille dame repose.

C’est l’instant où, délivrée des tourments, la dame en blanc unit son destin à celui du printemps. Le fil d’or des ses souvenirs la maintient dans l’état, un sourire dessiné sur son passé. Il n’y a rien à prendre, la camarde se fait des films sur la tristesse des vieux.

Tout en somnolant, elle se souvient de ses tendresses et elle retourne à ses audaces. Sur les routes fabuleuses de sa vie, elle a aimé les quatre saisons. Des ciels d’autrefois, elle porte les couleurs, sa vie présente est  maintenant dans le chant des oiseaux. 

La nuit est  complètement tombée,  la montagne sur l’horizon se devine encore, mauve sur rouge, sur bleu, sur rose… Merci monsieur Cézanne, merci…La vieille dame respire  doucement.  L’ombre d’un éternel jeune homme attendri la regarde sommeiller, il doit partir, il est temps. De la main, il effleure sa joue   comme on effleure une rose à jamais fleurie… Elle sait, elle a  la certitude que finalement rien  ne peut véritablement disparaître. Elle vivra à jamais dans ce jardin provençal, dans l’odeur des olives et des romarins… Loin du bruit et de l’éclat des villes et des vacances programmées…L’ombre de l’éternel jeune homme  peut s’éloigner dans l’ombre de la montagne…

Rien n’est jamais terminé, tout recommence.



 

lundi 28 novembre 2022

Calendrier...

 

Alizé, Bise, Grain Blanc, Nordet, Noroît, Suroît, Suet, Harmattan, Ponant, Simoun, Sirocco, Chinook, Squamish, Pampero, Foehn, Levante, Aquilon, Marin, Mistral, Tramontane, Vent d’Autan …

Ils ne font pas grossir, ils sont gratuits, ils permettent la  libre respiration loin du mercantilisme affligeant. Ils ventilent les miasmes de ce pseudo esprit de Noël que les grands financiers ne cessent de vanter pour leurs hottes blindées à combinaison.

Ils dépoussièrent le ciel de l’automne …
Permettez-moi de vous offrir mon calendrier de “Les Vents”!


dimanche 27 novembre 2022

Sans bruit et sans tumultes...


La semaine dernière Christian Bobin s’en est allé… Sans faire de bruit et sans tumultes. Christian Bobin est un écrivain incontournable qui se fichait d’être une référence. Utiliser de grands mots et abuser de termes en “isme”, cet ennuyeux et paresseux suffixe, serait une insulte. Il était l’auteur de l’épure, de l’essentiel et de la simplicité. Il m’a accompagné et il m’accompagne encore dans ce cheminement qui a toujours été bien davantage  qu’un livre, ce “Tout est là, dehors!”... Un défricheur de chemin.  La vie est implacable mais  terriblement belle… 

Aimer les gens, c’est apprendre parfois, souvent… à dire au revoir. Nous sommes perpétuellement en mouvement et  l’écrit  est une pause.  Le livre  devient parfois médicament à son corps défendant… Mais le livre n’ est simplement  qu’une porte ouverte sur ailleurs que l’on décide de franchir ou pas. Écrire  est un langage qui doit se prémunir de toute consécration obscure. Écrire est un artisanat, lire une alliance…  C’est ce que Bobin n’a jamais cessé d’être : un artisan. “Il ne faut jamais faire de littérature, il faut écrire et ce n'est pas pareil.La plus que vive. Christian Bobin


 

samedi 26 novembre 2022

Disponible

 


Tout est là, dehors! De minuscules carnets écrits de 2014 à 2022. Un livre qui n’est ni roman, ni chronique, mais plutôt une ballade douce amère et parfois ironique à travers l’existence. Une randonnée avec de multiples guides qui vont de Rimbaud à Kenneth White, de Colette à Matthieu Ricard, en passant par Kerouac ou Jack London et tant d’autres… Sans raisons particulières, car s’émerveiller de la complexité du monde n’impose pas de donner des explications. Il suffit simplement de vivre sans fracas en n’oubliant pas que, Tout est là, dehors!
(450 pages) - Prix : 20 euros (frais de port inclus)
Contact et renseignements complémentaires sur Facebook (Messenger).
Aux silencieuses éditions du Nomade Polygraphe.(en cours)
Imprimé chez CooLibri.
ISBN 9791039629027


jeudi 24 novembre 2022

Le passage...


 Pour nous, c'est une simple formalité, un tout petit voyage, rien de plus...
Le ferry passait sur l’horizon et semblait saluer l’orée d’une nouvelle journée. Tout était harmonieux et infiniment paisible. L' esprit était au repos. A peine quelques remous à éviter… Jamais pourtant il ne lui vint à l’esprit d’associer cette image à un banal cliché de vacances. Si proche et si loin...


 

vendredi 18 novembre 2022

Lettre du 19 novembre 2022.

 


On vit dans un mode très rigolo… Si, si… Un monde où des tas de gugusses sont très colères parce qu’Elon Musk n'est pas gentil (à moins que ce soit Elon Musc? - matière première animale odorante, sécrétée par la glande préputiale abdominale des chevrotains -  il sent peut-être pas très bon ce brave homme?).
 Bref … Elon a acheté un zoizeau bleu en virant tout le monde du nid (J’ai vu ça en plus petit, les médias défendent le taff quand ça les arrange…), du coup, les gens ne veulent plus titiller le zoiseau, et ils disent  : Ouais, on va aller  sur le dos d’un  éléphant “mastondesque” … Ben, sauf que tout le monde s’en fiche… Parce que ça, ce n’est pas la vraie vie en fait, c’est que des piaillements de serins dans le vide sidéral… 
Le vrai réseau social, c’est le bistrot. Et tu n’es pas obligé de continuer à y aller si le patron a changé l’enseigne. Le problème, c’est que tes potes ne vont peut-être pas t’accompagner chez le bougnat d’en face. Du coup, tu vas picoler tout seul en continuant de débiter tes conneries devant la glace…
En fait c’est un peu comme sur VisageLivre, tout le monde râle contre le Mont Sucré mais en fait, ce n’est pas très important,  si tu n’es pas content, il suffit de ne plus y aller… Et de retourner au bistrot. 
On vit vraiment dans un monde très marrant où les non-événements font la une des réseaux Zoziaux…. Bleu ou pas les zoziaux, on s’en tape!
PS : En plus il paraît que pour se servir de l’éléphant "mastodontesque", il faut avoir fait bac plus 15, que,  à côté les discours d’un technocrate, c’est Oui Oui au pays des jouets …


jeudi 17 novembre 2022

Lettre du 17 novembre 2022.

 

Le premier avantage du beaujolais nouveau? Faire grincer des dents à ceux qui considèrent que gnigni gnagna, c’est du commerce, tagadi, tagada! Bref la litanie habituelle des pôvres d’eux-mêmes. De toutes les façons on peut très bien fêter le New Beaujolpif avec tout ce que l’on veut … Sauf avec de la vodka frelatée qui vous fait  voir des missiles russes jusque dans le jardin du voisin, c’est-celui qui dit qui est Volodymyr et toc! 
Rien que le nom est sympatoche, on dirait presque “beau joli”, et puis ça appelle la Rosette de Lyon cette petite drôlerie, même avec le Munster fermier c’est exotique cette petite potion, ç’est comme le Jean délavé ou la mauvaise foi, ça va avec tout…

“Ce saint vivant, ignoré des calendriers officiels, était plus célébré, honoré que ceux, desséchés, fossiles, qui y figuraient dans l'indifférence générale . Saint Beaujolais Nouveau, Saint de Paix, éclipsait Saint Albert, peu après l'Armistice de 1918". On le priait, mais seulement de se montrer aussi gouleyant, ou davantage, que celui de l'année dernière, on ne lui demandait que d'exister, de passer une fleur au bec, ou un refrain, et surtout de revenir l'année prochaine…” Le beaujolais nouveau est arrivé - René Fallet



lundi 14 novembre 2022

Lettre du 14 novembre 2022.

 


        Le premier précepte à observer pour une vie pleine de bien-être est d’agir dans l’existence réelle avec la même méthode que celle utilisée par mes soins sur les réseaux sociaux. Un clic et hop! Vous dégagez le fâcheux (ou la malfaisante… La mixité est acquise dans ce genre de maladie.)
La libre parole ne doit pas être synonyme de parole insensée. Bien trop  souvent tribune est donnée à de malfaisants nostalgiques cultivant  l’intolérance à la sauce frelatée de l’aigreur.Par exemple de vieux chanteurs de variétoches, à bout de souffle et inintelligibles, qui souhaitent la Saint-Barthélémy aux cyclistes et autres adeptes de la bienfaisante mobilité douce en la bonne ville de  Paris… Consternant… Si les idiots n’étaient pas là, nous serions tous en harmonie.
Le débat n’est possible qu’avec le respect et quelques références objectives concernant le sujet débattu, sinon c’est discussion de poivrots au café du commerce.
Gainsbourg/Gainsbard, Renaud/Renard, Sardou/Sardou… Si la vieillesse est toujours un naufrage, certains n’ont même pas l’élégance de sombrer en silence.
À une époque où souhaiter la mort de quelqu’un est devenu aussi commun que de sucrer son café (où les fraises pour les plus âgés…), les éternels “chouineurs” qui sont également d’éternels polémistes primaires se doivent de retourner à l’endroit le plus adéquat, les abysses de l’oubli ou sa version plus fruitée, la fosse septique de l’opinion personnelle.
Fâcheux ou malfaisante aux principes d’un autre âge, Clic! À dégager et la vie est plus aérienne et l’on respire mieux.


jeudi 10 novembre 2022

Lettre du 10 novembre 2022.

 

Une bonne définition de la moderne incohérence dans l’esprit de certains spécimens contemporains :  

Par exemple : des mimiles qui s’insurgent devant la coupe du Monde de Football au Qatar, une aberration écologique mon bon monsieur et un gaspillage d'argent… Mais qui n’hésite pas à claquer 300 balles d’engagement - sans compter le  paquet de pognon pour les accessoires bruyants et puants - se claquer la peau du cul (qui est déjà bien tondue) afin d'aller faire tourner une flopée de motos sur une plage. Un environnement qui n’a rien demandé à personne pour une pratique aussi archaïque et surannée que la chasse à la galinette cendrée. Sans compter tous les clampins qui vont venir polluer bruyamment  le calme littoral et emm.. les habitants par leurs déjections et autres.

Bon, les mimiles ne vont pas regarder le football, la planète est sauvée, la connerie aussi… 



mercredi 9 novembre 2022

Lettre du 9 novembre 2022.


 

Au départ du Rhum, on se dit certes, la technologie évolue à chaque course au large mais  les grands voiliers font toujours rêver. Ces monstres gigantesques et aériens à la fois sont des paradoxes élégants.  Les voiliers supportent nos imaginations. Nos  rêves de mômes pilotés par ces navigatrices et ces navigateurs qui  sont, avec les alpinistes, les derniers défricheurs d’aventure dans ce monde hyper-prévisible.

L’enjeu dépasse le défi sportif. La course au large reste un défi humain où l’océan reste l’arbitre. La voile est une culture, les marins sont des “athlètes-artistes” sur la gigantesque toile de l’océan.


Les voiliers attirent les cinglés et les génies, les romantiques auxquels leurs bateaux offrent une image rebelle. Nous succombons à tout cela, mais ce que nous avons du mal à saisir, c'est qu'il ne s'agit pas des bateaux en eux-mêmes, mais plutôt de ces moments inexplicables, sur l'eau, quand le temps ralentit. Toute cette industrie repose sur une sensation, une émotion.” Jim Lynch - Face au vent.


mardi 8 novembre 2022

Courrier du 8 novembre 2022.

 


Laisse parler ton cœur, interroge les visages, n'écoute pas les langues…” Umberto Eco
Cet adage, cité par l’un des protagonistes du maître livre Le Nom de la Rose, est riche d’enseignements. Ce sont les silences qui sont les plus révélateurs dans l’étude de caractères. Plus les paroles se répandent et plus l’ignorance prospère.Le temps passé à écouter des inepties est un temps perdu. Parler pour faire du bruit n’est d’aucune utilité. Rien n’est plus fatiguant que de supporter les certitudes assénées par un orateur inconséquent. C’est le doute qui fait avancer, le moteur de toutes connaissances réside dans la faculté de comprendre sans se  parler.
Autrefois, j'étais indécis, mais, à présent, je n'en suis plus très sûr.” Le Nom de la Rose - Umberto Eco

lundi 7 novembre 2022

Courrier du 7 novembre 2022.

 





« Les médias reflètent ce que disent les gens, les gens reflètent ce que disent les médias. Ne va-t-on jamais se lasser de cet abrutissant jeu de miroirs ? » Amin Maalouf

Avec l’âge, j’ai perdu la faculté de m’indigner, c’est très reposant. Les gesticulations des “danseurs pour la bonne cause” et autres me font rire. Réclamer à cor et à cri de la compréhension pour de multiples  croisades à grand renfort de pétitions - à peu près aussi utile qu’un emplâtre d’argile verte sur une prothèse de tungstène - est d’un pathétisme consternant.

Le conte zen qui suit est tiré du recueil “Le doigt et la lune”  d’Alexandro Jodorowsky. Ce texte illustre parfaitement  notre façon d’aborder le dialogue (ou le débat) que nous voulons entretenir avec nos semblables. Nous pensons discuter des mêmes problèmes et, finalement,  nous clabaudons de faits dissemblables et mal assimilés. La disproportion et l’outrance de nos propos sont nourries par le reflet biaisé apporté par les médias. Nous entretenons  ainsi sans fin notre incommunicabilité. 

Agir et penser avec sobriété, c’est l’assurance d’obtenir une vision plus claire et davantage d’objectivité dans la compréhension. C’est réfléchir avec clairvoyance sur la véritable nature des choses. "L'esprit raisonne, l'âme résonne.", écrit François Cheng, faites une juste synthèse des deux versants de votre montagne.

Observer sans interpréter, comme un chat à la fenêtre, avec lenteur et circonspection.

L’idiot et le théologien

Un moine zen vivait avec son frère borgne et idiot. Un jour, alors qu’il devait s’entretenir avec un théologien fameux, venu de loin pour le rencontrer, il se trouva dans l’obligation de s’absenter. Il dit alors à son frère!”

“Reçois et traite bien cet érudit! Surtout ne lui dit pas un mot et tout ira bien!”

Le moine quitta alors le monastère. Dès son retour, il alla promptement retrouver son visiteur :

“Mon frère vous a-t-il bien reçu?” s’enquit-il. Plein d’enthousiasme, le théologien s’exclama : “Votre frère est absolument remarquable. C’est un grand théologien.”

Le moine surpris bégaya :

“Comment?... Mon frère, un… théologien?...

Nous avons eu une conversation passionnante, reprit l’érudit, uniquement en nous exprimant par gestes. Je lui ai montré un doigt, il a répliqué en m’en montrant deux. Je lui ai alors répondu, comme c’est logique, en lui montrant trois doigts, et lui m’a stupéfait en arborant un poing fermé qui concluait le débat...

Avec un doigt, je professais l’unité de Bouddha. De deux doigts, il élargit mon point de vue en me rappelant que Bouddha était inséparable de sa doctrine. Enchanté par la réplique, avec trois doigts, je lui signifiais : Bouddha et sa doctrine dans le monde. Il eût alors cette sublime réplique, en me montrant son poing : Bouddha, sa doctrine, le monde, tout cela fait un. La boucle était bouclée.”

Quelque temps plus tard, le moine alla retrouver son borgne de frère :

“Raconte-moi ce qui s’est passé avec le théologien!

C’est très simple, dit le frère. Il m’a nargué en me montrant un doigt pour me faire

remarquer que je n’avais qu’un œil. Ne voulant pas céder à la provocation, je lui retournai qu’il avait de la chance, lui, d’en avoir deux. Il s’obstina, sarcastique: “De toute façon, à nous deux cela fait trois yeux. “ Ce fut la goutte qui fit déborder le vase. En lui montrant mon poing fermé, je le menaçais de l’étendre sur-le-champ s’il ne cessait ses insinuations malveillantes.”

(Le doigt et la lune - Alexandro Jodorowsky - Espaces Libres - Albin Michel.)









dimanche 6 novembre 2022

Courrier du 6 novembre 2022.






Semblable au jambon de pays bien enroulé dans son torchon, tu rêves encore dans l’odeur du café. Tu es le capitaine Nemo sur la passerelle du Nautilus, face aux abysses, d’ailleurs de même que l’habit ne fait pas le moine, l’abysse ne fait pas le marin… 

Soudain, une voix te parle à l’oreille, une révélation? Non, la TSF… Un journaliste intègre - il n’a pas eu le temps de mentir à ses parents ni de leur faire honte, étant enfant de la DDASS. Il débite de son ton monocorde et lénifiant les nouvelles du jour. À savoir, des types vont voter pour d’autres types. Ces derniers prédisant un avenir formidable dans pas très longtemps, incessamment sous peu. La mère Le Pen, avant d’aller élever ses chats, va faire don de son château de Montretout aux associations d’aide aux migrants… Rassurez-vous, c’est ironique, Ces gens-là ne montrent rien, même pas la plus petite trace d’humanité… Bref la chronique de la haine ordinaire.

Pour garder la sérénité et améliorer sa  santé physique et mentale, il est plus judicieux de couper l’image et le son. Je ne sais plus ni où, ni quand, un gars nommé Martin Lessard a écrit : « Les réseaux sociaux sont comparables à un fleuve en temps réel : on ne peut pas l’arrêter, mais on peut en boire un peu ». J’ajouterai, ça évite de se noyer dans ces marigots de boue.Je préfère ouvrir mes chers vieux bouquins, immuables, sans batteries, ni réseau et garder ainsi l’essentiel.“Un livre est un outil de liberté” Jean Guéhenno - Carnets du vieil écrivain.


 

 

samedi 5 novembre 2022

Courrier du 5 novembre.

 


    L'obscurité se pointe pour le thé alors qu’elle était invitée à l’apéritif. Dans la maison située derrière, une fenêtre s’allume. Il y une odeur de terre fraîche qui monte du jardin déjà assoupi, ce fainéant… Tu humes l’air de ce début de soirée comme un vieux chien de chasse, c’est une joie toute simple. Novembre se la joue toujours  “saison des souvenirs”. Il veut nous faire croire que vieillir donne froid. C’est un mois menteur. Il ne peut rien t’arriver tant que tu gardes un bout de lumière d’été dans la poche. 
    Les avaleurs de vent se fichent bien des saisons. Ils tracent leurs sillages sur la peau de la terre et s’évadent en chantant. Le ciel triste d’automne perdant ses couleurs et tout ce morose folklore… Ce n’est que de la littérature pour sédentaires mélancoliques. Rien n’empêche d'emprunter les chemins chaotiques des saisons en transit.

vendredi 4 novembre 2022

Il en a de bonnes, Victor...

J'adore le fond... Misère!  J'aime pas la forme... La correction est un supplice obligatoire, 
La suite au prochain numéro. 

lundi 3 octobre 2022

Son mais surtout lumière...



 C’est dans la nuit du samedi 29 octobre au dimanche 30 octobre 2022 que nous nous  transformerons en marmotte. Un petit conseil tout de même aux marcheurs attardés et aux cyclistes vagabonds qui n’ont pas consulté leurs montres et leur GPS : si ce n’est pas déjà fait, n’oubliez pas de ressortir vos jolis vêtements luminescents qui sont bien plus utiles sur la route en hiver que le samedi dans de sottes manifestations. Pour les adeptes du vélocipède n’hésitez pas à garnir généreusement  le casque que vous n’aurez pas manqué de  poser sur votre caboche fragile de multiples leds, diodes clignotantes et autres. Pour les marcheurs, une frontale qui crache le feu – j’en possède une et croyez-le, les chouettes des Ardennes ne s’en sont pas encore remises… -  n’est pas de trop. Voir où l’on pose ses pompes est un besoin élémentaire.

Pour les réfractaires, une simple constatation : mieux vaut passer pour un sapin de Noël en goguette que pour un pantin désarticulé sur le macadam… Et ne soyez pas chien avec l’énergie pour éclairer vos pas et vos pneus, pas de lumignon dans les vitrines mais sur votre façade personnelle ne  lésinez pas, les ravalements sont douloureux… 

Arrivé au printemps sans anicroches c’est un cadeau que l’on se fait…


jeudi 7 juillet 2022

C'est maintenant...


 “Notre vie est-elle autre chose que ce ballet de formes éphémères ? Tout ne change-t-il pas continuellement ? Les feuilles des arbres dans le parc, la lumière dans la pièce où vous lisez ces lignes, les saisons, le temps qu'il fait, l'heure qu'il est, les personnes que vous croisez dans la rue ? Et qu'en est-il de nous ? Toutes nos actions passées ne nous apparaissent elles

pas aujourd'hui comme un rêve ? Les amis avec lesquels nous avons grandi, les lieux de notre enfance, les points de vue et opinions que nous défendions autrefois avec tant d'opiniâtreté : tout cela, nous l'avons laissé derrière nous.
Maintenant, à cet instant, lire ce livre vous semble tout à fait réel. Pourtant, même cette page ne sera bientôt plus qu'un souvenir. Les cellules de notre corps meurent, les neurones de notre cerveau se détériorent ; et même l'expression de notre visage se modifie sans cesse, au gré de nos humeurs. Ce que nous considérons comme notre caractère fondamental n'est rien de plus qu'un« courant de pensée ». Aujourd'hui, la vie nous semble belle car tout va bien ; demain, ce sera le contraire. Où sera passé notre bel optimisme ?
De nouvelles influences nous auront affectés, au gré des circonstances. Nous sommes impermanents. Les influences sont impermanentes. Et il n'existe rien que l'on puisse qualifier de stable ou de durable.
Qu'y a-t-il de plus imprévisible que nos pensées et nos émotions ? Avez-vous la moindre idée de ce que vous allez penser ou ressentir dans un instant ? Notre esprit, en réalité, est aussi vide, aussi impermanent et aussi transitoire qu'un rêve.
Observez une pensée :elle vient, elle demeure et s'en va. Le passé est passé, le futur ne s'est pas encore manifesté et la pensée actuelle, au moment où nous en faisons l'expérience, se mue déjà en passé.
En réalité, seul l'instant présent, le "maintenant ", nous appartient.”
Le Livre tibétain de la Vie et de la Mort par Sogyal Rinpoché


C’est la vision de notre propre vie qui donne la mesure du regard que l’on porte sur le monde où nous vivons. Le mot que l’on entend le plus souvent de toutes les bouches est sans conteste le mot : PEUR. La peur irraisonnée, souvent sans véritable objet. La peur distillée en goutte à goutte pour informer, diriger, soumettre, lisser, faire croire que…

Pourtant si vous observez autour de vous, vous constaterez que le courant ne coule que dans un seul sens : de l’amont vers l’aval et c’est la seule certitude que l’on peut avoir. Lorsque vous rencontrez une embûche, un problème. Soit vous trouvez une solution et le souci sera résolu, soit il n’y a aucune solution et s’angoisser ne servira à rien et ne vous débarrassera pas du problème, donc…

C’est notre nature éphémère qui est, paradoxalement, la clé de notre joie de vivre. Ce n’est pas par  manque d’empathie ou de compassion que nous pouvons nous dispenser de contribuer au mal-être général. Hier après-midi, dans un cimetière de campagne, un homme âgé entretenait la tombe de son épouse. Sans amertume, il considérait l’assemblée réunie à quelques stèles de là pour un autre adieu au monde des hommes.  Il nous dit simplement : “voyez-vous, messieurs dames, nous ne sommes rien… Un battement de cil, un souffle”. Et cette simple et éternelle philosophie, “que vous soyez puissant ou misérable…” résume ainsi la valeur de la vie. L’instant présent est à vivre… Pleinement… Parce qu’hier ne laisse que quelques effluves qui s’évanouissent au matin et demain dévoile furtivement un horizon qui se brouille tel un mirage… Ne reste que maintenant, c’est le très célèbre dialogue de Charlie Brown avec Snoopy :

-Un jour nous allons mourir Snoopy.

- Oui, mais tous les autres jours nous allons vivre…

Voilà qui est infiniment précieux.










 

Au commencement…

Un bruit se fit entendre dans le sous-bois, peut-être était-ce une branche. Son craquement sec et sonore piqua la curiosité de l’animal. Pui...