L’ombre bleutée de la montagne Ste-Victoire s’allonge sur les côteaux de vignes, c’est l’heure incertaine préludant à la nuit. Le jardin mauve embaume le jasmin et dans ce berceau paisible s’étendent les clématites. Sur un fauteuil immaculé, accessoire désuet du temps glorieux des grands paquebots transatlantiques, une très vieille dame repose.
C’est l’instant où, délivrée des tourments, la dame en blanc unit son destin à celui du printemps. Le fil d’or des ses souvenirs la maintient dans l’état, un sourire dessiné sur son passé. Il n’y a rien à prendre, la camarde se fait des films sur la tristesse des vieux.
Tout en somnolant, elle se souvient de ses tendresses et elle retourne à ses audaces. Sur les routes fabuleuses de sa vie, elle a aimé les quatre saisons. Des ciels d’autrefois, elle porte les couleurs, sa vie présente est maintenant dans le chant des oiseaux.
La nuit est complètement tombée, la montagne sur l’horizon se devine encore, mauve sur rouge, sur bleu, sur rose… Merci monsieur Cézanne, merci…La vieille dame respire doucement. L’ombre d’un éternel jeune homme attendri la regarde sommeiller, il doit partir, il est temps. De la main, il effleure sa joue comme on effleure une rose à jamais fleurie… Elle sait, elle a la certitude que finalement rien ne peut véritablement disparaître. Elle vivra à jamais dans ce jardin provençal, dans l’odeur des olives et des romarins… Loin du bruit et de l’éclat des villes et des vacances programmées…L’ombre de l’éternel jeune homme peut s’éloigner dans l’ombre de la montagne…
Rien n’est jamais terminé, tout recommence.
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