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mercredi 14 février 2024

Au commencement…



Un bruit se fit entendre dans le sous-bois, peut-être était-ce une branche. Son craquement sec et sonore piqua la curiosité de l’animal. Puis une brise de sud embaumée envahit les haies d’aubépines et tout autour de nous le bruissement léger de la sauvagine, encore indiscernable, s’éleva : tous les habitants, tout le peuple des bois, des piaillements furtifs, un bruit de sabot, des claquements, le chant premier de l’alouette, là-bas ce rapace élevé qui monte, le bourdonnement d’un nid de guêpes, une cloche lointaine qui se fait discrète, et tout à coup, le saut du chevreuil dans les blés mûrs,  et déjà, sous l’horizon rosé, le cri des migrateurs traçant route ver la mer… Je vivais.
 

mardi 13 février 2024

Une rencontre…



Le soleil s’était levé, révélant un miroir mouvant où les arbres  se découpaient en silhouettes solennelles. Le clair matin de campagne  n’avait pas encore  eu le temps d’essuyer sa buée de rosée, et le front des rives était luisant, onctueux, sous la semelle des bottes.

Au long de la berge, là où le renard était venu boire, quelque chose naissait peu à peu, une sensation impérieuse comme pour  un rendez-vous essentiel. Une carpe nerveuse transperça le silence, sa nage était superbe. Il n’était même  pas utile de tenter la lutte, la regarder vivre suffisait amplement à ma félicité.



 

lundi 12 février 2024

Upkik…


Si étrange que cela puisse être, c’est au sommet du Mont qu’il étire ses ailes. À l’ombre de l'abbaye, il veille sur le repos de ceux qui ont, jadis, traversé l’Atlantique pour que l’on puisse s’offrir le luxe d’avoir des états d’âmes.

Harfang des neiges dont la blancheur éclaire ces lieux. Les Inuits t’appellent Ukpik. Il est logique qu’en ces lieux un peu enchanteurs se dresse l’oiseau du petit magicien Harry… 

C’est un endroit de paix, un moment insolite   où se rencontrent finalement deux oiseaux rares. “ Rara avis in terris “ aurait dit Juvénal dans ses Satires, oiseau rare sur la terre…

 Salut L’Harfang, continue de veiller sur la quiétude du Mont, sentinelle des songes, compagnon de nos rêves.



 

vendredi 9 février 2024

Balade "pigmentée"...



La couleur est chaleur, vibration, réconfortant  remède. Elle a tous les droits. Jamais vous ne reproduirez le même ton, si simple soit-il. C’est une des fantaisies de la couleur, elle est toujours insaisissable. Ne vous essayez pas à la maîtrise de la couleur: aussitôt,  elle se carapate plein tubes,  loin des fadeurs.  Jamais vous ne vous lasserez des pigments en attente  dans leurs bocaux, prêts pour raconter une nouvelle histoire dont le sens n’est jamais connu à l’avance. Quelle importance! Les pinceaux sont des bâtons de marche et le support un sentier à parcourir. Il n’est pas utile d’utiliser une boussole, c’est la couleur qui commande…

Le temps, à cet instant,  n'est pas perdu, il n’est tout simplement  pas compté. Nous ne sommes pas dans une dimension prédéfinie… C’est une balade informelle.



 

jeudi 8 février 2024

Cerveau Lent...

 



Respirez! Respirez un bon coup avant d’être ensevelis! Fusionné avec le paysage, vous devenez invisible, et par ce fait, définitivement à l’abri du fléau des enquiquineurs. Le ciel démesuré donne la juste mesure de ce besoin constant de respirer. Sur l’horizon, les bleus se fondent, les bleus vibrent. De jeunes mouettes impertinentes se faufilent tout en  se donnant des airs supérieurs. Vous regardez autour de vous… L’aile de toile du papillon… Un papillon pour de faux, un cerf-volant et un cerveau lent s’unissent le temps d’une marée… L’éternité doit ressembler à ça…



mercredi 7 février 2024

Regard…


Je suis un spectateur fasciné par la diversité. C’est cela, s’étonner sans lassitude… C’est la seule façon de vivre où l’ennui n’existe pas. Considérer la nature et ses innombrables combinaisons, c’est magique. Je suis comme un explorateur de sensations. Ce n’est pas tant le sensationnel que je vise mais plutôt le minuscule détail qui passe inaperçu du plus grand nombre, un arrêt sur image dans le remue-ménage permanent. C’est finalement, depuis toujours, la minuscule  broutille que je cherche. le petit plus qui accroche un sourire au quotidien. Ma méditation journalière, c’est ça.

Chaque jour, un spectateur du monde est accaparé par sa  quête. Par la certitude que cette existence est loin d’être banale, il suffit juste de bien observer.

L’étonnement, c’est la faculté  première de l’enfant que l’on s’efforce de préserver.

L’important, c’est de s’entraîner chaque jour à voir avec des yeux neufs.



 

mardi 6 février 2024

Cet instant...

Cet instant, c’est le tremblement et le friselis du petit vent du sud. C’est une délicatesse de la nature où  la brise est complice, elle ébouriffe un peu la plume végétale. Il y a du soleil, le ciel est immense ; l’air est transparent comme un lac de montagne.

Il y a du monde en prairie. Les têtes floconneuses penchent leurs têtes d’aigrettes. Elles attendent leur cours de parachutisme. Elles prennent le large. Un souffle léger et c’est, tout à la fois, la fragilité, l’éphémère, la vie …



 

lundi 5 février 2024

Matinal...

Passent les jours, passent les années, les champs  d’été ondulent comme nos vies. Dans la cuisine silencieuse, c’est toujours les vacances. Une tasse est posée sur la table, elle fume… Volutes paresseuses et odorantes déposant sur la nappe de facture campagnarde et tachée une buée d’arabica.

Dans un coin, patte à patte, le chat s'éveille, tâtant précautionneux, l’or fondu des carreaux de grès.

Au plafond, on devine que les mouches s’invitent pour la journée. L’escalier grince. Là-haut, un lit gémit… Dans le jardin, le pommier trémule et se paye le luxe d’une ombre sur la terrasse.

Un matin comme ça,  on se souvient des couleurs criardes  du marché, on renifle les parfums de blé mûr… On contemple amusé la sarabande des merles et leur bonheur frénétique d’être des oiseaux… On se souvient avec tendresse de la mélancolie légère des dimanches de l’enfance.  La lumière d’ici se caresse du bout du pinceau lorsque les pierres violines se font dentelles.

Pas besoin  de tumulte, nous sommes au-dessus des frayeurs et l’ ’histoire pour être simple n’en est pas moins belle. Peu importe les jours, laissons là les années.

Il va faire très beau…



 

samedi 3 février 2024

Dis-moi Coucou ?




Février est encore bien loin  de  rendre  son âme grise  au diable. Les chemins creux attendent encore  des jours meilleurs… 

Un peu comme  lorsque  nous visitons une maison inconnue, l’hiver,  fait son mystérieux et  invite pourtant à parcourir les monts. Le Steenmeulen brandit ses longs et maigres bras au pied des Récollets. Il attend que le souffle de la mer du nord se fasse plus doux pour lui tourner la tête. Non loin de là,   se trouve  le lieu-dit « Le Coucou », qui vit très bien pour l’heure  sans en entendre chanter un seul. Il est encore  bien trop tôt pour annoncer le printemps, l’inauguration n’est pas pour cette semaine.

Lorsque je rencontrerai ce plumeux opportuniste  que lui dirais-je sous le doux soleil d’une nature balbutiante? Encore un printemps, encore un chemin…

 Retrouvant la vieille sentence oubliée, parlant la langue de Compère Goupil dans le Roman de Renart, je lui demanderai « Coucou des bois, coucou des champs, coucou des houblonnières. Argarde dans ton livre. Combin qu’j’ai d’temps à vivre. Si te l’sais, dis-moi lu. Si te l’sais pas, apprends-lu. Ou ben j’te frais pende. A la pus haut’branche. »

Rassure-toi mon petit ami ailé, je ne te demanderai rien d’autre que de pousser ton cri dans le creux des bosquets. Comprenne qui voudra, avec ou sans nous, la saison passera. Vent glacial ou pâle soleil, vent du nord ou roses nuées, non loin du lieu-dit « Le Coucou » tournera les longs bras maigres du Steenmeulen et son tic-tac éternel. 

Au creux de l’après-midi d’un  février naissant, je lis quelques mots de ce  vieux compagnon qu’est Maurice Carême, celui que l’on qualifie parfois de poète des enfants comme si c’était là une indignité… Les poètes sont des enfants qui écrivent pour des ombres s’efforçant de ne pas oublier d’avoir été d’idéalistes rêveurs…

Comprendrai-je jamais…


Comprendrai-je jamais ici

Pourquoi je regarde le ciel,

Donne rendez-vous à la lune,

Érige  des tours de Babel

Alors que je reste perplexe

Devant une chauve-souris

Qui met un accent circonflexe

Sur la coupole de la nuit ?

Un oiseau chante, un moulin cliquette et grince, intemporels métronomes de la portée sur laquelle  j’écris. Anodine et imperceptible mélodie qui rythme les pas de ma petite vie. Ma route sinueuse toute en bifurcations, en haltes et en rencontres. Dis-moi Coucou des champs où me mène le sentier ?


 

jeudi 1 février 2024

Lieux non communs...

 


 Toute la subtilité de la démarche est de ne jamais s’accaparer des lieux que l’on traverse. La bonne pratique est de laisser les atmosphères vous imprégner, laisser le paysage s’emparer de votre  petite personne.  De toutes les façons, on ne laisse que d'infimes traces de notre passage -  à  la  condition de ne pas se comporter comme un sagouin - mieux vaut  garder à l’esprit  que nous ne sommes que des invités  et que nous  restons très peu de temps .
En habitant la nature, arrive un  moment où la nature vous habite et chaque minuscule détail devient alors sujet d'étonnement. Voici  peut-être encore  une nouvelle explication de ce que  certains appellent la foi. Après bien des saisons, j’ai la ferme et définitive  conviction  que la foi libère alors que la croyance enferme.
La mesure de l'âge donne l’occasion de  cultiver cette naïveté des choses à  l'écart du monde et du vacarme. Cette étonnante  découverte journalière :   la fragilité de l'ensemble où rien n'est anodin, sans angoisse et en pleine conscience de la dualité entre être et avoir été,  la clé de toute la voûte…
C'est une philosophie saine d'aimer la vie comme l'expliquait Sylvain Tesson à  France Inter pour présenter son livre  : "Noir" :
"... c'est la même chose parce que la mort c'est la vie, et la vie c'est la mort. Si nous ne mourrions pas la vie n'aurait pas de valeur. La beauté de notre existence tient dans son caractère éphémère. On sait que c'est bref, tout de même. On n'aimerait pas trop que ça s'arrête. Mais c'est parce que la vie va s'arrêter qu'il faut l'aimer et qu'il faut la dévorer avec appétit. Je ne vois pas tellement de différence entre l'Himalaya, la beauté du monde, la montagne, l'exaltation vitale et la certitude qu'on va mourir. C'est au contraire un appel qu'il faut absolument avoir à l'esprit. Il ne faut jamais l'oublier."(Sylvain Tesson).
Il a parfaitement raison Sylvain,  parcourir les forêts profondes et les océans  immenses et s'extasier un peu plus chaque jour sur la chance qui nous est donnée,  traverser cette vie si terriblement belle…
"Tu trouveras bien plus dans les forêts que dans les livres."
Bernard de Clairvaux 



mercredi 31 janvier 2024

Au pied de la paroi...



La quête est certainement le thème le plus abordé et le plus fascinant dans la littérature. Il semble que ce siècle tristounet offre le spectacle permanent d’un monde artificiel aux horizons de carton-pâte, un théâtre médiocre un peu plus affligeant à chaque jour qui passe…

L’ un des remèdes, le seul peut-être… est  de trouver sa propre montagne sacrée à gravir. Mont Yên Tu pour laquelle, à l'image du roi Trần Nhân Tông, il vous faudra abandonner le palais royal de votre confort ainsi que  vos  aliénants conformismes afin de pouvoir  vous regarder en face. Mont Meru, âpre massif,  où seul l'or de vos émotions retrouvées pourra vous être d'une quelconque utilité.
Ce  vieux compagnon de route, le monumental Dante Alighieri, nous parle de Purgatoire sous la forme d'une montagne. L'escalade y  est synonyme de libération. Passerelle entre Ciel et Enfer, chère aux philosophes du Moyen Age. Mais, nous ne sommes pas de misérables pécheurs gagnant notre salut en nous écorchant les mains aux  pierres acérées, ici-bas  pas d'anges séraphins ni de démons cornus, juste  un profond  ennui. Votre pénitence : subir le quotidien abrutissant qui contamine davantage et ce, à chaque minute,   l'humanité de notre hémisphère, trop nourrie et trop effrayée par la seule perspective d'être en vie. 
   En montagne, lorsque vous êtes en péril, la seule voie possible est d’aller  vers le haut  toujours et encore… et  la perspective du départ vers le camp de base est souvent encore plus effrayante que l'escalade de la pente elle-même. 
Au pied de la côte : une muraille vertigineuse - elle  n'est que la somme des angoisses, des actes manqués, des lâchetés et de l'image sublimée que l’on possède  de nos pauvres carcasses. Essuyez le fard de vos joues, et regardez... derrière il y a votre véritable visage. 
La montagne, symbole de  vie, l'image illusoire que nous offre la nature de l'inaltérabilité des choses, alors que l'impermanence est la seule vérité, même pour les sommets. La montagne est à la fois masculine et féminine. Masculine avec ses proéminences et ses saillies lancées vers le ciel, pompant l'énergie du sol pour l'expulser vers le ciel... Féminine avec ses cavernes et ses crevasses cachées, secrètes, ses sources abritant la vie… et la vie est avare en montagne, c'est le signe que la vie est précieuse. 
La sagesse est de se mettre en marche vers le camp de base pour affronter la dernière ligne droite avec sérénité. C'est votre Voie et vous êtes le seul, la seule, à pouvoir  l'affronter. Ce n'est pas toujours  un combat, juste une tentative de compréhension de cet univers dans lequel nous évoluons sans jamais nous arrêter, comme si le sommet était toujours plus haut... Les montagnes comme les hommes ont une fin, mais considérez  cette marche vers l'absence avec philosophie  est  un aboutissement. 
 
"Prendre la vie au sérieux ne signifie pas se consacrer entièrement à la méditation comme si nous vivions dans les montagnes himalayennes, ou jadis au Tibet. Dans le monde contemporain, il nous faut certes travailler pour gagner notre vie. Pourtant, ce n'est pas une raison pour nous laisser enchaîner à une existence routinière, sans aucune perspective du sens profond de la vie. Notre tâche est de trouver un équilibre, une voie du juste milieu. Apprenons à ne pas nous surcharger d'activités et de préoccupations superflues mais, au contraire, à simplifier notre vie toujours davantage. La clé nous permettant de trouver un juste équilibre dans notre vie moderne est la simplicité."  Le Livre tibétain de la Vie et de la Mort -  Sogyal Rinpoché. 


 

mardi 30 janvier 2024

Escale...

 

Ultime retour à terre… Il a longé la ligne dans le vent de marée. Il a encore le souvenir du sel et il a gardé autour de lui, le chant des oiseaux. Le voilà enraciné là…  On le devine à peine entre les vibrations de l’air. Ses aurores boréales sont devenues aurores bretonnes. C’est au milieu des bois qu’il grince. Il  a quitté les quais de l’enfance pour les rides d’aujourd’hui où le sable se niche. Son refuge est paisible en dépit des rafales, ses derniers traits s’érodent, il a terminé sa quête et son suprême  et immobile périple restera sans fin…


lundi 29 janvier 2024

Les goûts et les couleuvres...



« L'essentiel dans cette manière d'arriver est d'agréer maints soufflets et de savoir avaler une quantité de couleuvres : M. de Talleyrand faisait grand usage de ce régime des ambitions de seconde espèce. »

Chateaubriand - Mémoires d'outre-tombe

 Une des multiples origines de l’expression “avaler des couleuvres” est de nature gastronomique. C’était l’heureuse époque où les demoiselles anguilles pullulaient dans les rivières de France et où leurs abris ne se composaient pas encore de bidons et de bouteilles crasseuses, réceptacles mortifères de saloperies diverses et variées… 

Donc loin d’être un plat prestigieux, l’anguille était, à l’époque, ce que le hamburger est aujourd’hui pour l’adolescent boutonneux ou les tomates “bio de circuit court” pour le bobo soucieux d’éthique.  Quelques antiques farceurs eurent alors  l’idée, pure facétie de  potache,  de mêler à la matelote persillée quelques tronçons de couleuvres, afin de mieux profiter du spectacle des  crédules gobeurs de n’importe quoi…  Il arrivait que l’ infortuné convive  fasse  preuve de clairvoyance, mais il ne pipait  mot, la peur du scandale étant bien plus forte que le plat saumâtre servi à un nigaud…

  Certains chercheurs de peccadilles proposent plutôt une interprétation trompeuse entre le terme couleuvre et couleur, pourquoi pas?  Donner des couleurs à gober, c’est un peu plus gai.  Il est vrai qu’une bonne couche de peinture peut vous faire passer une antique pétoire pour le summum de la technique automobile, un peu de fard sur une grimace rend toute suite les choses plus supportables.

         Le serpent de l’Eden qui provoqua un joyeux patacaisse dans les vergers célestes en  bradant à vil prix  la Royale Gala à cette niaise  d’Eve était-il couleuvre? En l’absence  de squelette, la confusion est permise.

         Arsène Muselier, héros de Marcel Aymé, digne fils de la terre, cul-terreux matois ne fit pas, lui, l’erreur d’avaler les couleuvres de la Vouivre, femme? femme-serpent? serpent-femme? Arsène est raisonnable et n'osera pas ruser afin de  s’emparer du fabuleux bijou de la Vouivre, il préférera combattre les serpents que les avaler  ce qui est moins indigeste.

Mais que les petits malins  ne s’amusent pas trop de la   crédulité des naïfs. Les  candides ont su cultiver cette particularité comme une qualité de cœur. Sous un air bonhomme, ils sont très capables de discerner l’ombre  d’un soupçon de malice. Par  souci de pudeur ou par  délicatesse, ils préfèrent jouer les imbéciles, c’est bien  plus reposant.

 Tel le dieu Janus, les crédules ont deux visages : l’un d’innocence souriante, gourdiflot béat traversant les marécages des passions humaines ; l’autre de scepticisme amusé mêlé d’un voile de mélancolie,  les plus belles choses sentent parfois  un peu le moisi…

         La conclusion de cette réflexion ‘reptilo-gastronomique” s’adresse aux satisfaits, aux fats, aux outrecuidantes baudruches piétinant  les rêves et les sentiments des naïfs.

         C’est cette célèbre  phrase de Georges Courteline :

         “Passer pour un idiot aux yeux d'un imbécile est une volupté de fin gourmet…”

        

 


vendredi 26 janvier 2024

L’anti-aventure.



    8500 kilomètres…  Il y a environ 8500 kilomètres de voies navigables intérieures -  et on ne  compte même  pas toutes les petites rivières bien planquées, genre Le Léguer de Bretagne.  C’est une bien jolie contrée que ce vieil hexagone. Sans compter  la Loire, ce roi des fleuves, trop libre pour supporter la moindre coque pansue. Pour ce sauvage monarque, il nous reste heureusement les joies de la pagaie…
    Parcourir les canaux et rivières à la vitesse humaine de 5 à 8 km/h marque l’opposition ultime à la trépidation stérile, contemporaine et tapageuse.  C’est incarner  le "Quiet Captain” d’une “anti-aventure” à la barre d’un avalant de moins de 20 mètres. Vivre le premier sassement de la première écluse, le bouillonnement de l’eau sur les vantelles et le bateau qui monte.
    Passer l’écluse dans le soir arrivant et contempler sereinement le mouvement lent des arbres sur la rive, dans le silence - vous n’entendrez  aucun cri strident de singe dans la jungle placide du canal de Bourgogne -  Juste le glouglou  d’un petit cru bourgeois qui  fait de la plongée dans la fraîcheur de l’onde…
Liquide randonnée qui en vaut bien une autre  car  tout est toujours  là…  Dehors!



 

jeudi 25 janvier 2024

Ne crois pas que les Dieux soient des mecs… (1)





Allez! On remet les pendules à l’heure… On se balade dans l’inconscient universel et on raconte la mythologie (la véritable histoire!). Alors que depuis pas mal de millénaires, ce sont les femmes qui transmettent la vie, pourquoi de petits rigolos se sont  choppés  le melon à vouloir monopoliser le Panthéon des divinités? D’ailleurs, il est tout à fait  admis, et ce depuis  quelques décennies,  que les femmes ont le droit de porter le Panthéon (court ou long, tout dépend des religions…)
On commence par Yemova, la mère de nombreux orishas, divinités d’Afrique de l’Ouest qui ont migré vers l’Amérique du Sud  et que l’on retrouve dans le Vaudou.
Yemova est la représentation divine du principe maternel et du fleuve Ogun. Elle est de ce fait associée à l’eau et à la fertilité, est parfois symbolisée par une queue de poisson ou des signes visibles de maternité, une poitrine opulente par exemple.
Au Brésil elle se nomme Yemanja de la mer, si vous l’ignorez, écoutez mieux Bernard Lavilliers…
Donc Poséidon, camembert, va jouer avec ton trident!
 

mercredi 24 janvier 2024

Le Vieux Jimmy...

 

“J'ai décidé de ne plus rien décider,
d'assumer le masque de l'eau,
de finir ma vie déguisé en rivière,
en tourbillon, de rejoindre à la nuit
le flot ample et doux, d'absorber le ciel,
d'avaler la chaleur et le froid, la lune
et les étoiles, de m'avaler moi-même
en un flot incessant.”
Homélie
“Ces quelques règles de vie simples à respecter – un stylo noir la nuit, un stylo en or en plein jour, éviter nourritures trop tristes et main un peu lourde sur le whiskey, ne pas pointer une arme à feu vers soi, ne pas canarder en poussant le cri-cri de la bécassine , ne pas utiliser d'essence comme fluide de démarrage, ne pas lire de journaux cochons sous le nez des hôtesses de l'air
– ça arrive tout le temps; il est temps d'arrêter de nettoyer son assiette, temps d'oublier l'anniversaire des morts, de donner tout ce qu'on peut aux pauvres.
ça pourrait continuer comme ça longtemps et d'ailleurs ça ne va pas manquer : qui peut choisir entre l'animal sur la route et le fossé? Un magnum pour déjeuner c'est un peu trop mais pas assez pour dîner. Lustrez les étoiles réelles la nuit comme un homme invisible caresse un chien, un homme bien réel, le souvenir d'un chien perdu sous le treillage de la belle-de-jour quarante ans plus tôt. Dansez avec vous-même de tout votre cœur de toute votre âme, de temps en temps avec d'autres, mais ne mangez pas toutes les baies que mangent les oiseaux sinon vous mourrez. Embrassez-vous dans le miroir mais ne tombez pas amoureux des photos de jeunes filles dans les magazines. Ne tombez pas amoureux comme si vous tombiez dans un trou du plancher dans une maison abandonnée, ou bien d'un quai la nuit, ou dans une crevasse recouverte d'une couche de poudreuse, vache qui se débat dans les sables mouvants tandis que les autres vaches regardent sans intérêt particulier, ou bien encore en arrière d'une corniche qui s'effrite. Ne tombez pas amoureux de deux à la fois. Du plafond, vous voyez bien le cercle que forment les trois, quoique l'une puisse être ailleurs. Il est déchiré, il se déchire lui-même, il danse, il tournoie si vivement que tout ce qu'il est vraiment vole de tous côtés. Il se recroqueville comme un papier froissé mais se lève chaque jour d'entre les morts.”
Théorie et Pratique des Rivières - Jim Harrison 





mardi 23 janvier 2024

Dans les pas du camarade Sigeric…

 


989… Le camarade Sigeric de Canterbury, évêque de son état, est appelé à Rome. Il vient d’avoir une promotion. Le DRH de la société Dieu le Père et Dieu le Fils SARL - oui, la responsabilité est extrêmement limitée, la comptabilité étant impénétrable… -  veut le voir pour un entretien. Il veut lui remettre le pallium, bande de laine blanche marquée d’une croix (c’est marqué dessus comme le Port-Salut…) Ça en jette plus qu’un costard cravate, excusez du peu… Bande de mécréants.
Son voyage de retour de Rome vers Canterbury constitue le plus ancien blog de voyage du Nord de l’Europe. À l’époque, aucune crainte de tomber en panne de batterie pour décrire les 79 étapes de ce qui est la Francigena. Ils n’étaient pas sots nos vieux pérégrins…
Donc évoquons ce premier tronçon français de la voie - Via Francigena, cette partie qui va de Calais à Rocquigny à l’orée de la Somme. Une grande oblique tracée à travers le Pas-de-Calais. Pourquoi? Et bien comme ça… Parce que je ne vais pas me priver de parler des pierres du chemin et des petits zoziaux. Et puis je l’aime bien moi Sigeric, il porte un nom à figurer dans un roman d’Umberto Eco. Et puis, un type qui donne un sens à ses pas donne un sens à sa vie. Si vous ne me croyez pas, achetez-vous des sandales et allez crapahuter!


lundi 22 janvier 2024

« L'eau parle sans cesse et jamais ne se répète. » Octavio Paz

 


Si, comme l’écrit l’écrivain mexicain Octavio Paz, l’eau parle, il nous faut l’écouter attentivement…  Une bonne pratique du kayak se doit d’être silencieuse et discrète. C’est une embarcation idéale pour observer la vie sauvage et découvrir l’environnement naturel. N’importe qui peut agir pour protéger et embellir les sites traversés et explorés.

En premier lieu, ne jamais perturber le milieu - il convient de garder une distance raisonnable par rapport à la vie sauvage - si les oiseaux s’agitent et s’envolent lorsque vous passez, vous êtes trop près et (ou) trop bruyants…

Ne laissez jamais aucune trace, sur l’eau, dans l’eau et à terre, aucun détritus d’aucune sorte.

Renseignez-vous sur les périodes de reproduction des animaux vivant sur les rives, dans les estuaires et dans l’eau. Aucun dérangement et une très grande attention lors de vos déplacements,, vous êtes invités chez les autres, éviter de déféquer dans leur salon, c’est la démarche… 

Si vous rencontrez des détritus laissés par de moins délicats que vous, n’hésitez pas à les ramasser ou à signaler à qui de droit, les dépôts sauvages d’ordures que ces immondes débiles laissent derrière eux… 

  Appliquer le FOMEC  - que les papys dont je fais partie ont appris au service national - F (forme), O (ombre), M (Mouvement), E (Environnement), C (couleur). En clair, invisible, inodore, incolore et muet… Et là, la minuscule aventure restera un grand moment…



Au commencement…

Un bruit se fit entendre dans le sous-bois, peut-être était-ce une branche. Son craquement sec et sonore piqua la curiosité de l’animal. Pui...