Dans le déroulé des jours, arrive le moment où le temps à venir est plus court que le temps vécu. Notre vie est une rivière. Près de la source, elle coule, rapide et bouillonnante, sous le ciel de printemps et jusqu’aux premières chutes. Elle se fait alors inutilement, écumante et se donne des airs de torrent comme pour se rassurer. Et puis, en vue de l’estuaire qui va l’aider à se jeter dans l’océan, le rythme ralentit, elle devient paresseuse et s’étire calmement dans un dédale bienvenu. C’est au creux des prés salés que se trouve l’ultime et véritable quiétude. Lorsque le rivage est en vue, il faut aller à l’essentiel. Ne plus s’empêtrer dans les bancs d’algues filandreuses qui empêchent la progression… Il faut s’écouler, clair et paisible. Éroder les rives jusqu’au rocher.
3,3 secondes… C’est la fréquence de respiration moyenne de la plupart des gens. Dans une existence d’une durée moyenne, nous respirons environ 670 millions de fois. Le souffle est la manifestation la plus simple de la vie et pourtant la plus essentielle…
Le souffle et le silence ne s’apprennent pas, tout comme l’expérience. Il n’existe pas d’instructions, pas de recettes… Il ne faut faire confiance qu’à l’instinct.
Notre siècle trop bavard impose ses réponses toutes faites et ses interprétations incomplètes à des questions qu’il est inutile de se poser. Dharma, Zen, etc, ne sont que des mots, des vocables commodes. On ne définit pas un état. Je préfère le terme chinois de chan qui n’est pas traduisible littéralement. La traduction la plus proche pourrait être le mot méditation, mais cela reste encore imparfait.
L’humain a toujours cherché et cherche encore à codifier, à expliciter ses connaissances et les philosophes orientaux n’ont pas fait exception. Pour les chinois par exemple, la voie et la parole se confondent en un seul mot qui porte ce double sens : Le Tao, La parole et l’écrit…
Souffle et silence… L’écriture est cette jonction entre la parole mesurée et la distance prise avec le tumulte du monde. L’écriture est une respiration dans le calme, cet équilibre qui permet de poser une réflexion, pas obligatoirement dans un but informatif. Souvenons-nous… Le souffle et le silence ne s’apprennent pas tout comme l’expérience… L’écriture est chan : une méditation.
Sorti de tout apparat religieux, dénué de tout prosélytisme, lire, écouter en profondeur, et écrire. N’est-ce pas ce que font les hommes depuis la nuit des temps? Loin du siècle trop bavard…
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