« J’aimerais mieux être un superbe météore, chacun de mes atomes irradiant d’un magnifique éclat, plutôt qu’une planète endormie. La fonction propre de l’homme est de vivre, non d’exister. Je ne gâcherai pas mes jours à tenter de prolonger ma vie. Je veux brûler tout mon temps. »
Jack London - Le vagabond des étoiles.
La vue qui se brouille, la courbature qui vous vrille la nuque… Certaines et certains d'entre nous connaissent parfois cette sensation. L’interactivité lors de la lecture est toujours un peu magique. Les livres nous apportent leurs histoires et nous, lecteurs… Apportons notre vie et nos expériences dans presque chaque lecture. Il s’agit d’un phénomène bien plus compliqué que la simple identification. C’est une manifestation sensitive, une sorte d’osmose.
Le propre de la lecture, et également de l’écriture, est avant tout de se nourrir d’émotions. Elle ne peut pas être uniquement le reflet d’une réalité souvent morose, au « mieux » routinière.
Malgré la technologie omniprésente, envahissante au-delà du supportable, les femmes et les hommes ont peu changé. Leurs désirs profonds sont demeurés les mêmes, leurs sentiments sont identiques depuis l’aube de l’humanité.
Jack London était l’écrivain préféré de mon père, je crois qu’à travers ses livres, toute une classe sociale et toute une génération se reconnaissait…
Mon héritage est là, Pauvre legs me direz-vous, je ne le pense pas.
Le monde n’est devenu plus compliqué qu’en apparence. Les préjugés sont toujours d’actualité, ce ne sont pas les « écrivants » qui diront le contraire. Voilà le thème évoqué par London dans Martin Eden.
L’humain ne peut accéder à l'aboutissement de ses aspirations qu’à la condition expresse de se plier au conformisme ambiant et ses ambitions doivent se couler au moule édifié par le sens des convenances et le poids des habitudes. Par exemple, vouloir faire de la littérature est d’une indécence rare lorsque l’on ne possède pas les arcanes d’une culture classique…
Par delà les années, les continents, les clivages, nous sommes toutes et tous des Jack London, des Martin Eden… Les frontières sont devenues plus sinueuses, plus étroites. La société s’est éclatée en de multiples couches, strates, tendances.
« Clubs », « Coteries » plus ou moins reconnus, où le passeport exigé n’est souvent qu’un simple agenda. Le seul manuscrit parcouru n’est, pour la circonstance, qu’un simple carnet d’adresses.
Tout serait-il donc vain ? Je me plais à vouloir penser le contraire. Notre culture, nos cultures se construisent jour après jour. Cela, nul ne peut nous le contester ou même nous le prendre. Si écrire, c’est d’abord partager une publication, représentant pour beaucoup une forme de consécration, ce n’est pas toujours le but ultime…
La finalité de l’écriture, c’est le plaisir pris et éprouvé. Le chuintement du feuillet qu’on tourne. Pour les anciens, la danse de la pointe Bic sur le cahier à spirales ou le crépitement du clavier, le texte mis en forme…
L’écriture, comme la lecture, nous offre une évasion incomparable. Dans chaque imagination rencontrée : des univers entiers, des mondes fabuleux. Milliards d’expériences vécues ou songées, inventées où à venir… La machine à voyager dans le temps, l’espace, l’émotion, existe. C’est un banal crayon et une simple liasse de papier. Le plaisir est là… Le reste n’est qu’accessoire.
Écrire, instrument de liberté, lecture, moyen de s’évader, de se construire, la face cachée de nos existences. Nul besoin véritable d’une reconnaissance quelconque ou recherchée, vous êtes, nous demeurons avant tout des animaux assez fabuleux, puisque nous rêvons…
Les intellectuels possèdent souvent des cerveaux immenses et vastes, encombrés comme des greniers bien rangés. Il s’y accumule parfois de la poussière… La poussière des dogmes et des vues étroites qui voilent et drapent l’essentiel : L’émotion.
L’émotion qui fait battre les cœurs plus rapidement, l’émotion qui fait briller les yeux au cinéma… Ah ! La larme honteuse qui coule devant le mélo. C’est cette différence qui nous rend plus attachants…
« La mer est muette et profonde
toute chose dort dans son sein
un seul pas et tout est fini,
Un plongeon, une bulle, et plus rien. »
Longfellow.
Telle est la mort choisie par Martin Eden à la fin du roman.
Aussi, méditez, amies et amis. Cette mort est imagée mais elle transparaît chaque jour.
Cette mort, c’est le découragement qui nous gagne, qui vous gagne… Face à des questions sans réponses. Le sentiment de sa différence.
Pourquoi écrire ? Tout simplement parce qu’on ne peut faire autrement. Pas de questionnement métaphysique sinon survient la chute ou plutôt le silence, la page blanche, et l’empreinte de la tristesse qui se grave dans les yeux.
Alors plus de plaisir, plus d’émotions…
Aussi que chaque lampe brille, que chaque fanal reste allumé et que les écrits s’écoulent sur le papier, s’envolent sur les voies virtuelles de La Toile planétaire, se rangent sur les innombrables rayons des librairies et des bibliothèques.
Toutes et tous vagabonds des étoiles (Encore ce vieux Jack…)
Rêvez.
« la clé du livre est LE TRIOMPHE DE L’ESPRIT »
Jack London
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