C’est une pratique véritablement mystique. Avec la brouillonne modernité sa finalité est devenue indéchiffrable. Sous nos latitudes, la pêche d’agrément n’est plus une obligation nourricière. La pêche est, plus particulièrement le fly fishing (la pêche à la mouche), peut se comparer à une investigation policière.
Les victimes ne sont que des dépouilles toutes potentielles. Ici, on ne tue pas, certains, ailleurs, le font très bien à notre place et ce sort n’est pas réservé exclusivement aux poissons… On capture sans blessures inutiles, le no-kill est un jeu de rôle. Un cluedo aquatique… Le salon, c’est le bois tout proche ; la salle à manger, le ciel immense et infini…
Sur les rives, il faut pratiquer l’humilité. La rivière est mouvante, changeante, imprévisible… Rien n’est définitif, il faut pratiquer le scepticisme comme religion, comme pour l’existence et ses embûches.
Les suspects probables sur les lieux du forfait portent des noms de sénateurs romains ou de vestales : Salvelinus fontinalis (Omble de fontaine), Coregonus sp.e (Coregone), Salmo Salar (Saumon), Oncorhynchus mykiss (Truite arc-en-ciel), Salmo trutta lacustris (Truite de lac). L’arme du crime : un blank pas trop raide et une soie silencieuse… Le témoin principal : un duvet de plume armé d’un hameçon…
Les modes opératoires diffèrent… Ce sont les étapes répétées à l’infini que requiert chaque type de lancer qui vont permettre de savoir présenter la mouche. Agir avec la subtilité et l’harmonie qui conviennent pour résoudre l’énigme. À la fin de l’enquête, la victime va rejoindre le courant et vous, l’existence normale. La parenthèse est refermée, l’une a retrouvé la liberté, l’autre encore un peu plus de sérénité…
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