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jeudi 7 juillet 2022

"Tot Anoste Keer"


 Hier, je suis retourné dans mes Flandres, elles me manquaient déjà... Lorsque j'écris « mes » Flandres, ce n'est pas la connotation possessive qui me vient à l'esprit. D'ailleurs j'ajoute un « s » à Flandre parce qu'elles sont multiples et différentes. J'écris « mes » tout simplement parce qu'elles sont parties intégrantes de mes gènes, mon essence profonde.

En ce dimanche, novembre ce vieux cachottier, a jeté sur les monts un épais voile de brouillard comme pour dissimuler au monde vociférant et inepte son intimité douillette et intemporelle.
Blottis sous le plafond ouaté, mes vieux amis les arbres que nul vent agite m'adressent un timide salut humide. Les carpes dorment sous le miroir des étangs, elles sont muettes et calmes, elle n'ont aucune idée du bonheur qu'elles me procurent... Ici, rien ne peut vous atteindre, même et, surtout, le brouhaha médiatique ne peut vous parvenir. En ces lieux, les réseaux « asociaux » de la haine et de l’absurdité ne passent pas et c'est très bien ainsi.
Oui... Les Flandres me manquaient déjà.... Et leurs habitants. Être au sommet d'un petit mont (par ici, même les monts restent modestes) vous place à hauteur d'homme. Vous rencontrez, au détour des ruelles, des gens qui possèdent encore l'usage des mots oubliés : résilience, empathie et bienveillance. Ils se gardent bien de le clamer, c'est en cela qu'ils sont futés. Ils ne sont guère diserts, mais dans l'éclat de leurs regards et la qualité de leurs silences, vous découvrez un sentiment galvaudé : vous êtes fiers d'être humain et d'être en phase avec les saisons, les deux pieds dans la plaine et la tête dans les nuages. Les véritables géants de Flandres, ce sont eux... Parcimonieux avec leurs sentiments d'amitié, certes... Tout simplement parce que ces sages connaissent la valeur de ce trésor humain et ne bradent pas impunément leurs sympathies.
En repartant, pour mieux revenir... j'ai jeté un coup d'oeil sur le petit chalet de bois, mon petit camarade le hérisson doit y dormir, bien caché sous la paille, comme ma petite fille blottie sous sa couverture bien douce... Je n'ai pas fait de bruit, de crainte de le déranger. On se reverra peut-être au printemps mon petit ami ? Le monde est si cruel et chaotique...
A mes bourrus compagnons, je ne dis qu'une chose : « tot anoste keer » phonétiquement « Anosteke » ce qui signifie à la prochaine... Ce n'est pas pour rien que par chez nous, on a donné ce nom à une excellente bière, celle que l'on boit dans la chaleur d'un estaminet avec des gens qui cultivent un rare don : l'humanité...
Est-ce le la brume protectrice qui brouille ma vue à l'instant ou je repars vers la ville hurlante et hystérique ?
Le brouillard a tout mis
Dans son sac de coton ;
Le brouillard a tout pris
Autour de ma maison.

Plus de fleurs au jardin,
Plus d'arbres dans l'allée ;
La serre des voisins
Semble s'être envolée.

Et je ne sais vraiment
Où peut s'être posé
Le moineau que j'entends
Si tristement crier.

Le brouillard – Maurice Carême

Loos, le 26 novembre 2018.

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