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jeudi 7 juillet 2022

Le pays des gens vrais.

 


L'oeuvre et le cliché sont de Pascal MANITOBA - Anartiste
« À vous, monsieur, ami ou passant (peu importe) qui surgissez de la foule et me happez au passage, prenant masque et surnom ; à vous qui redoutez d’être seul ne serait-ce que l’espace d’une seconde et qui, pour échapper à ce vertige, adressez n’importe quelle parole à n’importe qui, fût-ce à un lépreux ; à vous qui prétendez disposer de ma personne, certain que votre main molle et votre œil vitreux me charmeront ; à vous qui m’appelez votre « cher » tout en crachant sur mes bottines, je ne puis que vous tenir à juste distance, vous dire que m’attendent d’indifférables devoirs. » Michel de Ghelderode – Nuestra Senora de la Soledad – Sortilèges.

                  Il y a un moment que je n’ai pas entrouvert la porte des chroniques… Le temps passe si rapidement lorsque l’on n’a rien à faire. Et puis vivre et parcourir les sentiers est bien plus intéressant que de conter de minuscules parcelles d’existence. Écrire n’est pas conter, conter c’est se livrer et se mettre en danger, je suis un grand bavard dans ma tête… Pour le reste… 
                  Néanmoins, l’été fut fructueux en rencontres, souvent furtives, mais toujours d’une intensité rare. Ce que j’aime à nommer le pays des gens vrais. Gens vrais, gens frais… Dans le sens rafraîchissant pour nos esprits englués dans un quotidien que l’on nous décrit bien trop souvent comme plat, gris et jalonné d’interdits divers et variés. Le véritable monde n’est pas ainsi… Mais les gens vrais se cachent bien à l’abri, du tumulte, d’un conformisme frisant la bêtise, d’une forme de violence cérébrale. C’est pourquoi, il est difficile de les rencontrer… Mes Flandres, elles sont multiples… Se remettent difficilement d’un été sec et brûlant, les pauvres étangs à l’étiage misérable laissent voir le dos de mes malheureuses carpes, vivement les grosses pluies d’automne.
                  Parfois, les gens vrais se retrouvent dans les replis des réseaux sociaux, ce nom prend alors tout son sens… Je pense à Didier et à son périple familial et Bulgare où l’émotion se mêle à l’humour objectif du vieux routier de la presse … De boutades en discussions de bouffe, du Finistère Sud où je comparais les vertus comparées de la cotriade et des galettes de blé noir jusqu’à la mer Noire c’est parfois magique la modernité… Certes, les gens vrais sont souvent rugueux comme les récifs du Cap Sizun, mais c’est le secret de leur humanité, sur les rochers on peut s’y amarrer, c’est du solide. Je pense à Pascal Manitoba et son périple astral, peintre protéiforme et solaire… Une personnalité qui cultive l’amitié et la liberté comme on bichonne un jardin, il est l’auteur du crâne en illustration... Car là aussi, la dérision est toujours présente, et pour ce prince de Motordu, vie et mort sont les versants d’une philosophie résolument optimiste…  Et puis, Zat Folk, animateur à Radio Uylenspiegel Folk Radio, au sommet du plus beau fleuron de la cordillère des Flandres. Un regard clair et un éclat particulier :  celui de la dérision, l’intelligence de ceux qui ont beaucoup vécu… Dans un estaminet (je sais… Mais c’est incontournable, s’il fait soleil, la terrasse te prend en otage… S’il pleut, tu n’as plus qu’à te réfugier à l’intérieur, un estaminet, c’est douillet comme un cocon), et l’Hommel Bier a le don de te transformer en papillon, toi qui n’es qu’une pauvre chenille… Enfin, c’est ce que l’on m’a dit…
         Avez-vous remarqué que certaines personnes ont le don de vous faire sentir plus vivants, plus vrais. Certaines régions également, Le Sud Finistère, La Bulgarie de Didier, le grand Sud et l’Aquitaine de l’anartiste Pascal et la Flandre de Zat Folk, ma Flandre qui est une région ouverte au monde mais qui garde son identité, vivre au pays ! Ce n’est pas un repli, tout au contraire… Ces moments et ces endroits privilégiés paraphrasant le titre de l’un des contes du recueil Sortilège de Michel de Ghelderode – Voler la mort.
         Ainsi, profitez de vos jours à venir, ne laissez pas filer le sable fin des jours entre vos doigts fébriles. N’oubliez pas que chacun peut parcourir le pays des gens vrais, nul besoin de bagages encombrants, juste une petite besace d’humanité et de bonnes chaussures. Ah ! Et un sourire, ça peut aider…

« L’avenir ? Mon avenir ?... Que m’importe !... Gardez vos brumeuses et très relatives prophéties… Je sais de quels petits ennuis et de quelles petites satisfactions sera tissée ma vie proche, et quant à connaître l’heure et la circonstance de l’inéluctable trépas, je m’en contrefiche !... »  Michel de Ghelderode -  Rhotomago – Sortilèges.


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