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jeudi 7 juillet 2022

Dis moi coucou...

 

Février pique dur et fort avant de rendre son âme au diable. Les chemins creux attendront des jours meilleurs.
Comme on visite une maison inconnue, l’hiver m’a vu parcourir les monts. Le Steenmeulen brandit ses longs et maigres bras au pied des Récollets. Il attend que le souffle de la mer du nord se fasse plus doux pour lui tourner la tête. Non loin de là, j’ai traversé le lieu-dit « Le Coucou » sans en entendre chanter un seul… Il est bien trop tôt pour annoncer le printemps… L’inauguration n’est pas pour cette semaine.
            Mais lorsque je rencontrerai ce plumeux importun que lui dirais-je ? Au doux soleil d’une nature balbutiante. Encore un printemps, encore un chemin. Retrouvant la vieille sentence oubliée, parlant la langue de Compère Goupil dans le Roman de Renart, je lui demanderai « Coucou des bois, coucou des champs, coucou des houblonnières. Argarde dans ton livre. Combin qu’j’ai d’temps à vivre. Si te l’sais, dis-moi lu. Si te l’sais pas, apprends-lu. Ou ben j’te frais pende. A la pus haut’branche. »
            Rassure-toi mon petit ami ailé, je ne te demanderai rien sinon que de pousser ton cri dans le creux des bosquets. Comprenne qui voudra, avec ou sans nous, la saison passera. Vent glacial ou pâle soleil, vent du nord ou roses nuées, non loin du lieu-dit « Le Coucou » tournera les longs bras maigres du Steenmeulen et son tic-tac éternel.
            En cette soirée de février moribond, je lis ces quelques mots du vieux compagnon qu’est Maurice Carême, celui que l’on qualifie parfois de poète des enfants comme si c’était là une indignité… Les poètes sont des enfants qui écrivent pour des ombres s’efforçant de ne pas oublier d’avoir été d’idéalistes rêveurs…
            Comprendrai-je jamais…

            Comprendrai-je jamais ici
            Pourquoi je regarde le ciel,
            Donne rendez-vous à la lune,
            Erige des tours de Babel
            Alors que je reste perplexe
            Devant une chauve-souris
            Qui met un accent circonflexe
            Sur la coupole de la nuit ?
            Un oiseau chante, un moulin cliquète et grince, intemporels métronomes de la portée que j’écris. L’anodine et imperceptible mélodie qui rythme les pas de ma petite vie. Ma route sinueuse toute en bifurcations, en haltes et en rencontres. Dis-moi Coucou des champs où me mène le sentier ?

Loos, le 28 février 2018.

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