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jeudi 7 juillet 2022

Trompeuses sont les apparences...

 

(Crédit Photo - Le Mont Noir Naturellement) 

Pour tenter de comprendre ce pays, il est préférable d’oublier la logique. Il faut dire que c’est une habitude que j’ai assimilé depuis longtemps. C’est un instinct.
            J’ai rencontré des individus qui s’accrochaient au conformisme ambiant, de la logique, encore de la logique et rien que de la logique. Une confortable bouée. Dans les villes de haute sécurité, au sein des environnements factices, ils évoluent comme des poissons dans l’eau.
            Trop rapidement repus, absolument convaincus du bien-fondé de leur démarche, oubliant constamment leurs béquilles et leurs œillères, ils ignorent les sous-bois, les plaines, les replis cachés de la nature. Je pense qu’ils n’ont pas conscience de la multitude des possibilités offertes, malgré ou, plus précisément, à cause de leurs jouets technologiques. Moi-même j’ai dû battre le rappel de mes existences précédentes avant de réaliser la complexité de cette région.
J’ai réalisé que ce pays se dissimulait sous l’artifice de la simplicité afin de mieux se défendre de l’intrusion exubérante des technocrates. On aime à dépeindre le flamand comme un balourd, un peu nigaud, croyez-moi, c’est un pur cliché… Les Flamands laissent planer le doute et c’est là, la simple démonstration de leur finesse.
            Il existe sur terre des nœuds dissimulés, des endroits ou le tellurique se mêle étroitement à l’ésotérique. Ne croyez pas sur parole, la rectitude des sillons sur la terre de Flandre. Ici, tout semble évident, c’est exprès…  Ici se trouve les lieux d’inspiration de Jean Ray, de Thomas Owen… Et dans la pénombre ou la brume naissante survivent quelques chimères que toute la technologie du monde serait bien en peine d’expliquer… D’ailleurs, il ne faut pas.
            Pour comprendre ce pays, il est préférable d’oublier la logique…

« Elle portait une loque de manteau roux,
Avec de grands boutons de veste militaire,
Un bicorne piqué d'un plumet réfractaire
Et des bottes jusqu'aux genoux.

Son fantôme de cheval blanc
Cassait un vieux petit trot lent
De bête ayant la goutte
Sur les pierres de la grand'route ;
Et les foules suivaient vers n'importe où
Le grand squelette aimable et soûl
Qui souriait de leur panique
Et qui sans crainte et sans horreur
Voyait se tordre, au creux de sa tunique,
Un trousseau de vers blancs qui lui tétaient le cœur. »
Le Fléau - Les Campagnes hallucinées d'Émile Verhaeren

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Au commencement…

Un bruit se fit entendre dans le sous-bois, peut-être était-ce une branche. Son craquement sec et sonore piqua la curiosité de l’animal. Pui...