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jeudi 7 juillet 2022

Janvier est dur...


 Le vent agite les arbres du jardin. Cerisier décharné et pommier chevelu et ébouriffé, arbres citadins que l’on aime quand même. Janvier est dur aux végétaux. Le gazon moussu est une page verte. Cette année, contre toute attente, la ponctuation de la pelouse s’est enrichie d’une multitude de mésanges, de bouvreuils, d’exotiques perruches vertes qui donnent à la banlieue des airs de villégiature. Le chat Jules a beau se camper sur le bac à compost, “trop gros mon ami”, les petits camarades à plumes te passent sous les moustaches.

La campagne me manque un peu, mais ce n’est pas triste. Comme lorsque l’on pense à un proche éloigné, il nous manque, mais on sait qu’il se porte bien et on se réjouit de le retrouver un jour prochain. Et puis, la Flandre sans estaminets c’est un peu comme un théâtre sans spectateurs, ni acteurs.  D’ailleurs… Janvier est dur à la culture.
Les horizons et les grands ciels de plaines me manquent, les saules…
“Vous voyez? Je voyais. Cette lumière dorée, souple, soyeuse, que confère à l’herbe, aux pierres, à l’air même, un rayon de soleil dans le feuillage des saules tétards, cette lumière basse, triomphante par son humilité même, humaine par sa tendresse, aucun arbre ne l’autoriserait. Mais nous étions debouts dans l’hiver, la lumière des saules n’était qu’un souvenir.”. Le jour du chien - Caroline Lamarche.
Les saules tétards, rien que le nom… Moitié arbre, moitié créature de légende. Un cousin dans l’hirsutisme, pas une branche bien ordonnée. Arbre pêcheur, au bord de l’eau, improbable sentinelle des haies, montant la garde au pied de mes monts si chers.
C’est dans l’intemporel que l’on se guérit du quotidien, janvier est dur à l’évasion. 
Je crois entendre dans les branches des arbres de la ville, les flonflons lointains d’un rigodon carnavalesque… Ce n’est qu’une illusion. La Flandre sans clet’che ni tambours c’est un peu comme un cœur à l’arrêt.
La pluie a remplacé le vent, sur la page du gazon, la nuit est tombée. Janvier se meurt, bien fait pour lui…
“J’ai eu le sentiment qu’elle parlait de la lumière des saules comme on évoque un amour qui se termine, un pays que l’on quitte, une rive que l’on abandonne pour passer de l’autre côté.” Le jour du chien - Caroline Lamarche.

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