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mercredi 6 juillet 2022

L'état de nature.


 Après plus de 50 années, il existe un folklore un peu naïf à l’égard des “années flower power”. Une époque évoquée comme une espèce d’âge d’or où tout le monde était beau et tout le  monde était gentil… Oubliés sont  les guerres coloniales, les assassinats politiques. Édulcorés sont les bidonvilles des grandes cités occidentales, la disparition massive des emplois et le chômage écrasant… Une société patriarcale et archaïque, des politiques déjà hors-sol… 

Les légendes ne sont jamais que le reflet des fantasmes humains. Les petites gens  en 1936 ne sont pas tous partis en vacances à la mer, ils ont profité de leurs congés payés pour repeindre la cuisine tout simplement. Les jeunes en 1967 ne sont pas tous allés dans les festivals de rock… 1968 aura été une parenthèse… Fin 1968, les ouvriers sont retournés dans leurs usines (attendant les délocalisations qui se pointent, toutes proches, à l’horizon) et les étudiants sont retournés à la Fac… C’est triste, mais c’est la réalité.
Aujourd’hui… Et bien rien n’a changé ou si peu… La grande singularité est toujours présente. Dans un monde occidental ultra-libéral et violent qui chaque jour devient de plus en plus aliéné, les discours pseudo-mystico-cucul  en 2.0 fleurissent un peu partout. Toujours ce flot de résilience de carton pâte, cette empathie de carnaval trônant aux vitrines  submergées des librairies, rayon développement personnel… La nature fantasmée d’une bien pensance un peu sirupeuse, il faut bien l’admettre. Certains discours et commentaires de la mouvance politiquement correcte ont tendance à faire grimper mon taux de sucre de manière conséquente… La réalité, ce n’est pas ça. On ne soigne pas les cancers avec des tisanes et dans la réalité brute si vous tendez la joue, on vous pète les dents…C’est cru et dur, mais c’est ainsi.
Défendre l’environnement ne se pose pas comme une alternative généreuse et altruiste. Ce n’est pas une question de choix, nous vivons sur cette planète et nous n’avons pas d’autre choix ni d’autre maison. Croire que la nature vous en sera reconnaissante est une idée farfelue. La nature n'est, à notre égard, ni bonne, ni cruelle. Elle se fiche royalement de notre espèce, je pense même qu’elle se passerait volontiers de notre présence comme toute tête saine se passerait de la présence des poux qui l’infeste. J’aime la nature pour ce qu’elle est puisque j’en fais partie intégrante, venu du néant, je retournerai nourrir la terre, c’est un cycle rassurant. La dualité “vie-mort” est le principe même du fonctionnement naturel. Les requins ne sont pas des tueurs psychopathes, le touriste véliplanchiste ne représente pour lui que les protéines et les nutriments nécessaires à l’entretien de son métabolisme rapide et indispensables à sa survie. Il se fout royalement de votre religion ou de vos opinions politiques, vous représentez entre 60 et 80 kilogrammes de viande sur palmes et basta. J’adore mon chat,objet de toutes mes attentions anthropomorphiques.  Tu la caresses, tu lui grattes la tête, elle te lèche la main et dans la seconde qui suit, elle te ruine le bras (ce dont elle ne se prive pas), ça saigne parfois, mais c’est le jeu. C’est un petit fauve, adorable, mais obéissant à son instinct (ce qui me la rend encore plus aimable). Si je passe l’arme à gauche dans la cuisine une nuit et si elle a plus sa ration de croquettes, elle commencera à me bouffer, et je trouve ça normal. C’est ainsi que fonctionne la nature… Et c’est ce qui rend ce monde si incroyablement bien fichu. Tremblements de terre, tsunamis, inondations, ce sont de grands cataclysmes. Mais à l’échelle naturelle et planétaire, ce ne sont que des péripéties anecdotiques, “vie-mort”, “construction-destruction”. Il faut l’admettre. Dans une nature mouvante, aux fragiles équilibres, il faut être fort.
Vivre pleinement au sein du monde, sur cette planète, c’est accepter cette loi. Rien ne dure et tout peut trouver son utilité, la nature a horreur du vide. L’objectivité absolue n’est pas facteur de tristesse ou de cynisme bien au contraire. Paradoxalement, la vie est précieuse parce que je reste persuadé que la vie est rare dans l’univers. C’est un privilège immense de faire partie, pour un temps même court, de cet ensemble incroyable. 
Qui suis-je? Rien de plus que Néandertal avec un téléphone portable. L’ignorer c’est être aliéné dans un monde de plus en plus “déconnecté” de la réalité en se croyant connecté aux autres…


 

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